Servir l' Afrique ou s' en servir?
Publié dans research*eu, n°59, Dossier spécial épidémies, Juin 2009 - Read the English versionPremière victime des maladies mortelles, l'Afrique offre un potentiel énorme en matière d'essais cliniques, mais n'en bénéficie que rarement. L'Europe veut inverser la tendance.
Malaria, SIDA et tuberculose ravagent les pays les plus pauvres de la planète. Tuant près de 6 millions de personnes par an, elles dévastent l'Afrique subsaharienne, région de loin la plus touchée. On y comptabilise 90% des décès liés au paludisme et 90% des enfants séropositifs. Chaque année, un million de nouveaux cas de tuberculose y sont déclarés.
C'est pour contrer ces statistiques funestes que le Partenariat Europe-pays en développement sur les essais cliniques - EDCTP est créé en 2003. «La recherche de traitements pour le SIDA, la malaria et la tuberculose est peu ‘sexy' aux yeux de certaines compagnies pharmaceutiques, parce que les populations les plus touchées sont très pauvres et représentent un investissement moins intéressant», explique Charles Mgone, pédiatre d'origine tanzanienne, spécialiste en génétique moléculaire et directeur exécutif de l'EDCTP. Le programme se concentre surtout sur l'étape la plus délicate de la recherche pharmaceutique, l'essai clinique, qui représente jusqu'à 40 % des coûts liés au développement d'un nouveau traitement.
«Nous tentons d'optimiser l'utilisation des ressources publiques allouées à ces affections, en intégrant au sein d'un même essai clinique plusieurs équipes impliquées dans des thèmes de recherche similaires.»
En concertation
Les appels à projets que l'EDCTP publie régulièrement sont de réels partenariats. «D'un côté, le Comité de coordination des pays en développement (DCCC) identifie les besoins du terrain. De l'autre, le Réseau européen des programmes nationaux (ENNP) repère les programmes de recherche financés par les États membres de l'UE qui pourraient être regroupés dans un seul essai clinique. Nous nous opposons résolument au paternalisme qui caractérise parfois les collaborations Nord- Sud. Les appels sont le fruit d'une longue concertation, et tous les projets rassemblent des équipes issues des deux continents.» (1) Une approche qui vise à adapter les thérapies à la réalité du terrain. C'est un essai de l'EDCTP qui a permis la mise sur le marché de la Triomune, une thérapie antirétrovirale qui prend en compte la large proportion d'enfants séropositifs vivant en Afrique subsaharienne: ses comprimés sont solubles et peuvent aisément être divisés.Le travail de l'EDCTP ne s'arrête pas aux tests cliniques. Le programme vise aussi à renforcer les capacités locales, car de plus en plus de compagnies pharmaceutiques se tournent vers ces régions pour leurs essais cliniques, réduisant ainsi leurs coûts de 10 % à 50 %.
«Nous consacrons des budgets à la mise en place et à la formation des équipes locales responsables de la supervision. Lorsque c'est nécessaire, nous formons aussi les membres des comités d'éthique chargés d'examiner les protocoles et d'approuver la mise en place des essais.» Un point crucial, car dans le monde en développement, les autorités qui délivrent les autorisations des tests cliniques ont la réputation d'être moins exigeantes. Les risques de dérive ne manquent donc pas...
Julie Van Rossom
- Toutes les citations sont de Charles Mgone.
De la molécule au traitement
Quatre etapes caracterisent un essai clinique:
Phase I. Concerne un petit groupe d'individus sains (20-80). Objectif: verifier l'innocuite de la molecule et detecter d'eventuels effets secondaires.
Phase II. Concerne un groupe de patients plus nombreux (20-300). Objectif: jauger l'efficacite de la molecule et determiner les modes d'administration.
Phase III. Concerne un grand nombre de patients (300 - 3000+). Etude comparative ou l'effet de la nouvelle molecule est compare a un placebo ou a un traitement de reference. Si l'etape est concluante, une demande d'autorisation de mise sur le marche peut etre soumise.
Phase IV. Etude des effets secondaires a long terme, une fois la mise sur le marche effectuee.
Phase I. Concerne un petit groupe d'individus sains (20-80). Objectif: verifier l'innocuite de la molecule et detecter d'eventuels effets secondaires.
Phase II. Concerne un groupe de patients plus nombreux (20-300). Objectif: jauger l'efficacite de la molecule et determiner les modes d'administration.
Phase III. Concerne un grand nombre de patients (300 - 3000+). Etude comparative ou l'effet de la nouvelle molecule est compare a un placebo ou a un traitement de reference. Si l'etape est concluante, une demande d'autorisation de mise sur le marche peut etre soumise.
Phase IV. Etude des effets secondaires a long terme, une fois la mise sur le marche effectuee.
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