Santé

Combattre la sclérose en plaques

Article paru dans Passion Santé, juillet-août 2010

Maladie incurable à ce jour, la sclérose en plaques peut heureusement être freinée grâce à tout un arsenal thérapeutique. Arsenal qui sera bientôt complété par de nouvelles molécules.


«Je n’oublierai jamais le moment où le neurologue a poussé la porte de ma chambre et a dit : 'vous avez la sclérose en plaques'. D’un coup, ma vie s’est coupée en deux : l’avant et l’après
diagnostic». Tel est le témoignage de Marleen(1). Elle avait à peine 23 ans le jour où elle a dû affronté cette terrible nouvelle. Marleen est atteinte d'une sclérose en plaques progressive, une des formes de la maladie pour laquelle il n'existe encore aucun traitement (2).
En Belgique, la sclérose en plaque frappe quelque 12 000 personnes. C'est une affection auto-immune caractérisée par une dégradation de la myéline, une substance qui favorise la transmission des messages nerveux. Elle touche majoritairement les femmes et son origine exacte est une question qui reste sans réponse. Au cours de la phase la plus avancée de la maladie, les messages nerveux ne passent plus et les patients se retrouvent peu à peu enfermés dans leur propre corps, incapables de marcher, de déglutir, de ressentir, de voir...
« Les premiers symptômes sont parfois vagues comme des picotements, une perte temporaire de la vue, de l'ouïe ou du toucher, explique Pierrette Seeldrayers, neurologue et Présidente du Conseil médical de la Ligue Nationale Belge de la sclérose en plaques. Mais au fil du temps, les infirmités peuvent s'accumuler. Les personnes diagnostiquées sont souvent de jeunes adultes âgés de 20 à 40 ans. Ils vont vivre de longues années avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête et font preuve d'un courage admirable. »


Les traitements actuels...
Ce terrible scénario est toutefois moins sombre aujourd'hui qu'il y a 20 ans. Car à l'époque, seuls les corticoïdes et des traitements immunosuppresseurs très lourds permettaient de freiner la dégradation de la myéline. « Depuis les années '90, de nouvelles molécules rendent possible un meilleur contrôle des scléroses en plaques rémittentes, la forme la plus courante de la maladie. Grâce à elles, l'accumulation des infirmités est retardée et la plupart des patients bénéficient d'une meilleure qualité de vie », explique le Dr. Seeldrayers.
Ces médicaments se divisent en 2 catégories. Les traitements de 1ère ligne (Interférons-Bêta et Acétate de Glatiramère) sont utilisés au cours des stades les moins avancés de la maladie. «Ces molécules diminuent d'environs 30% le risque de poussées », précise Pierrette Seeldrayers. Les traitements de 2ème ligne (Mitoxandrone et Natalizumab), quant à eux, sont utilisés à un stade plus actif de la maladie. « Ces dernières molécules sont très efficaces (réduction de 68% des poussées avec le Natalizumab) , mais elles comportent certains risques, notamment de leucémie, de toxicité cardiaque, ou d'infection cérébrale. Ceux-ci impliquent une surveillance médicale accrue», poursuit le Dr. Seeldrayers.


...et ceux à venir
À l'heure actuelle, les recherches effectuées sur la sclérose en plaques ont permis d'accroître la compréhension de la maladie et de mettre au point des stratégies d'attaques plus efficaces. Deux nouveaux traitements doivent notamment être lancés sur le marché en 2011: le Fingolimod et la Cladribine. « Les médicaments actuels sont administrés par injection, explique Pierrette Seeldrayers. La Cladribine et le Fingolimod sont des traitements oraux, ce qui permettra de simplifier la vie des patients. En outre, ces deux molécules ont démontrés une bonne efficacité, avec une réduction d'environs 50% du risque de poussées. »
Une lueur d'espoir semble également poindre pour les personnes atteintes de sclérose en plaques progressive. En effet, l'efficacité du Fingolimod sur cette forme de la maladie est actuellement à l'épreuve. « Si les prochains tests s'avèrent concluants, nous pourrions enfin proposer une solution à ces patients et soulager quelque peu le désarroi auquel ils sont confrontés aujourd'hui », conclut le Dr. Seeldrayers.

(1)Ce témoignage est publié sur le site de la Ligue Nationale Belge de la Sclérose en plaques
(2)Voir encadré

Julie Van Rossom


Les formes de sclérose en plaques

La sclérose en plaques se manifeste sous deux formes différentes:
  • Rémittente: Elle concerne 75% des malades et est caractérisée par des crises ponctuelles (attaque de la myéline par le système immunitaire) suivies d'une période de rémission (reconstitution partielle de la myéline au début de la maladie et amélioration de la conduction dans les fibres nerveuses ). De nombreuses thérapies existent pour freiner ce type de sclérose en plaques. Malheureusement, elle tend à évoluer vers une forme progressive avec les années.
  • Progressive: Caractérisée par une absence de poussées distinctes. La maladie évolue plus insidieusement, avec une accumulation progressive des infirmités. Aucune thérapie ne permet à ce jour de combattre cette forme de sclérose en plaques.


Lexique
  • Maladie auto-immune: Affection qui frappe le système immunitaire, soit l'ensemble des processus qui permettent à l'organisme de se défendre contre les agressions externes (virus, bactéries etc.) Pour y parvenir, l'organisme doit distinguer le soi du non-soi. En cas de maladie auto-immune, ce système déraille et des cellules immunitaires attaquent des composants de l’organisme
  • Lymphocytes: un type de cellule immunitaire. Il existe de nombreux lymphocytes différents. Pour combattre la sclérose en plaques, les traitements ciblent au maximum les lymphocytes impliqués dans la dégradation de la myéline afin de limiter l'impact sur le reste du système immunitaire.

  • Myéline: Substance qui entoure les fibres nerveuses. Son rôle est double: elle protège les fibres nerveuses et agit comme un isolant. Sans elle, la vitesse de l'influx nerveux est considérablement amoindrie et les fibres nerveuses se retrouvent dépourvues de toute protection. 
En savoir plus...
www.ms-sep.be
 
Julie Van Rossom

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