Publié dans Passion Santé, Juin 2010, p.72
Ça y est, les beaux jours sont de retour! L'occasion ou jamais de se balader en forêt ou de s'occuper du jardin. Et pourquoi ne pas en profiter pour s'initier à la phytothérapie?
Le Centre Marie-Victorin, dont ont aperçoit ici le jardin botanique dispense de nombreuses formations. Situé à Vierves-sur-Viroin, au beau milieu du Parc naturel de Viroin-Hermeton (Province de Namur), le lieu est idyllique pour se balader en famille et/ou s'initier aux rudiments de la phytothérapie. Plus d'informations: www.cercles-naturalistes.be © Julie Van Rossom
Il y a 30 000 ans, l'homme de Cro-Magnon les cultivait déjà pour tirer profit de leurs propriétés curatives. Un temps délaissées suite à l'avènement des médicaments synthétiques, les plantes reviennent désormais sous le feu des projecteurs. Les ratés de la pharmacopée moderne ont engendrés un désir de retour aux bons vieux remèdes de grand-mère. Un mouvement qui ne gagne pas uniquement du terrain au sein de la population. «Aujourd'hui, les compagnies pharmaceutiques se tournent vers les plantes pour trouver les nouvelles molécules des médicaments de demain», explique Léon Woué, biologiste passionné par la phytothérapie et Président fondateur du Centre Marie-Victorin, un centre d'étude, de recherche et d'éducation à la conservation de la nature. «De même, des ethnobotanistes se penchent sur le savoir phytothérapeutique des sociétés indigènes tant pour éviter la perte de ces précieuses connaissances que pour découvrir de nouveaux composés pharmaceutiques.»
Toutes bénéfiques qu'elles soient, les plantes ne peuvent pas pour autant être récoltées et consommées en parfaite insouciance. À l'instar des champignons, les végétaux peuvent être toxiques, voire mortels. Ceux qui ont lu «Into the Wild» de Jon Krakauer se souviendront de l'erreur fatale du héros, qui, à son grand désarroi, confond deux types de pommes de terre sauvages. Autre mise en garde importante : les plantes ne peuvent pas être récoltées n'importe où. «Les sites proches des routes, des zones d'exploitation agricoles, des usines ou des villes doivent être évités car ils sont pollués. Les plantes qui y poussent sont donc elles-aussi contaminées», prévient Léon Woué. On le voit, entre plantes toxiques et pollution, la première règle à respecter est de quérir systématiquement l'avis d'un expert avant de consommer une plante.«La meilleure solution pour réduire les risques est encore de les cultiver soi-même», conclut Léon Woué.
À consommer avec sagesse!
Dernière précaution de base, et non des moindres : respecter la posologie préconisée. «Les plantes sont souvent perçues comme inoffensives. Du coup, certaines personnes les consomment de manière anarchique», déplore Léon Woué. Comme tout médicament, ces excès de zèle peuvent coûter cher. «La sauge, par exemple, réputée pour ses propriétés curatives en cas de gingivite ou de flatulences, contient des œstrogènes, une hormone qui, en cas d'abus, peut perturber les menstruations et même moduler la fertilité.» Léon Woué illustre ce dernier point avec la mésaventure de cette étudiante d'origine marocaine, frappée d'une crise de spasmes en plein cours de botanique. «Un cas d'école : le père de cette étudiante parfumait le traditionnel thé à la menthe familial de quelques feuilles d'absinthe et chez certaines personnes, l'absinthe provoque des crises épileptiformes.» Une anecdote qui met en évidence un autre un autre aspect à tenir à l'œil lorsqu'on se lance dans la phytothérapie. Les effets secondaires potentiels d'une plante varient grandement selon les individus. Et oui! À l'instar des médicaments modernes, nous réagissons tous différemment aux principes actifs d'un composé car nous ne possédons pas le même métabolisme.
«Se soigner par les plantes ne s'improvise pas», répète Léon Woué. «La nature a beaucoup a offrir mais ceci ne signifie pas pour autant qu'il faille se détourner de la médecine moderne. En cas de symptômes inquiétants, la règle de base est toujours consulter un professionnel. Si on désire favoriser le recours à des remèdes naturels, on peut se tourner vers un médecin ou un pharmacien qui possède une formation professionnelle en phytothérapie» Et pour choisir un tel spécialiste, mieux vaut se fier au bouche-à-oreille. «Les charlatans abondent, en particulier en Belgique! Une première consultation en phytothérapie dure au moins une heure. Si un professionnel établit un diagnostic sur un laps de temps plus restreint, il serait sage de se tourner vers quelqu'un d'autre», recommande Léon Woué. On le voit, la phytothérapie est un métier à part entière. Et pour ceux qui désirent se lancer corps et âme dans cette discipline, mieux vaut bien l'étudier au préalable!
Julie Van Rossom
Conserver les plantes médicinales
Une fois récoltées, les plantes doivent être séchées. Pour ce faire, il faut les mettre sur une toile ou un grillage à mailles fines. Les feuilles ou les fleurs devront être entreposées dans un endroit propre, confiné et bien aéré. Les tiges, racines et écorces peuvent être directement exposées au soleil. La durée du séchage sera de 1 à 3 jours pour les fleurs, 2 à 5 jours pour les feuilles et 4 à 8 jours pour les racines. Pour finir, les plantes peuvent éventuellement être grossièrement coupées avant d'être stockées dans un bocal, une boîte en carton ou un sachet de papier. Les plantes fleurs ne se conservent pas plus de 2 ans, les plantes racines 4 ans maximum.
Consommer les plantes médicinales
Plusieurs solutions:
- L'infusion: Rassemblez les plantes dans un récipient non-métallique. Versez de l'eau chaude (mais pas bouillante). Couvrez et laissez infuser 2 à 10 minutes.
- La décoction: Mélangez les plantes à de l'eau froide dans un récipient en émail ou en inox. Portez le tout à ébullition. Laissez mijoter 1 à 15 minutes, coupez le feu et laissez refroidir à la température désirée.
- La macération: Plonger les plantes dans de l'eau (froide ou tiède), de l'alcool ou de l'huile végétale. Laisser reposer de quelques heures à plusieurs jours selon la plante et/ou le solvant utilisé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire